Trois ans après son Voyage à Yoshino, la réalisatrice Naomi Kawase revient avec True Mothers : la rencontre entre un couple de parents d’un enfant adoptif et la mère biologique de ce dernier. Un mélodrame bouleversant sur la notion de maternité.
Une petite note avant d’émettre cet avis : habituellement, le cinéma de Naomi Kawase est un cinéma qui ne me touche guère. Sans réellement savoir pourquoi. Still The Water et Vers la lumière avaient été des expériences qui m’ont laissé hermétique durant toute la durée des séances. Si, en revanche, les raisons de cet ennui me semblent inexplicables ; il m’est facile de repérer ce qui me plaît dans ces films : une approche sobre et délicate des drames qui se jouent, à laquelle s’ajoute une profonde empathie pour ses personnages.
C’était ce que l’on retrouvait dans l’exquis Les Délices de Tokyo, drame culinaire sur les traditions. C’est maintenant ce que l’on retrouve constamment durant cette émouvante fresque de deux heures et vingt minutes. L’enjeu est simple : la vie quotidienne de parents adoptifs se voit chamboulée, le temps d’un instant, lorsque la mère biologique leur demande de récupérer son fils. De ce simple évènement, où il serait facile de se faire une opinion trop brève quand on ne connaît guère les détails (ce qui arrive également au début du film, lorsque l’enfant en question est accusé d’avoir volontairement poussé un camarade de classe durant la récréations), Kawase va en tirer une grande histoire qui va raconter le parcours en miroir de deux mères et les thématiques liées à la notion de maternité. Ceci fait à grand renforts de flashbacks et de flashforwards dans la narration, afin de mieux cerner les actions et réactions des protagonistes et espérer y voir une résolution chaleureuse.
D’une durée assez forte, la réalisatrice prend alors le soin de documenter chaque aspect qu’il aborde de sorte à proposer un certain regard sur la société japonaise. Tourné à Tokyo, en lumière naturelle, le film part alors du principe que le mélodrame est un genre qui inclut aussi les tourments de ses protagonistes au coeur d’une société. De façon à ce que l’impact émotionnel soit plus fort, ce qui est effectivement le cas. True Mothers vous happe dès les premières secondes pour ne plus vous faire quitter les héroïnes fortes que nous suivons, au bord des larmes.
True Mothers. Réalisé par Naomi Kawase. Avec Arata Iura, Hiromi Nagasaku, Aju Makita. Durée : 2h20