Quatre ans après l’électrochoc Grave, la réalisatrice Julia Ducournau intensifie la force de son cinéma avec Titane. Un drame surprenant où l’intime prend peu à peu le dessus sur l’horreur.
Dans la filmographie de Julia Ducournau, Titane marque l’essai tant redouté du second long-métrage. Ce film qui survient après un premier triomphe, entouré d’attentes de la part des professionnels et des spectateurs. Comment passer après Grave, ce premier long-métrage qui hybride avec panache le teen-movie et le body-horror pour parler d’identité ? Mais en voyant Titane, le constat est là : la réalisatrice n’a que faire des attentes. S’il peut faire figure de prolongation à Grave, Titane est un film qui nous emmène ailleurs que ce à quoi l’on pouvait s’attendre.
Et pour cela, rien de l’intrigue ne sera dévoilée ici. Évitez de lire les micro-critiques de Twitter, les réactions outrancières (qu’elles soient positives ou négatives) du micro-trottoir réalisé à la sortie de la projection cannoise. Il faut se laisser emporter par les ruptures, les virages excessifs que prend le film de Ducournau. Tout ce que l’on peut dire, c’est que la réalisatrice continue de nous surprendre en variant ses thèmes de prédilections. Comme dans Grave, il sera toujours question de filiation et de la place du genre, du corps et de l’identité au sein d’un groupe. La réalisatrice continue de développer ces sujets avec une assurance percutante, quitte à provoquer ravissement ou frustration chez certain.e.s.
D’un drame pourtant intime, propulsé au sommet par la révélation Agathe Roussel et un surprenant Vincent Lindon, Titane est un roller-coaster qui ne cesse de nous tourmenter. Un film mutant dans son identité, où les influences mutent simultanément avec l’ambiance des scènes, qui dévoile ses idées avec une confiance sidérante qui mérite d’être vue !
Titane. Réalisé par Julia Ducournau. Avec Agathe Roussel, Vincent Lindon et Laïs Salameh. Durée : 1h48