Paradoxalement, un film où les protagonistes ne sont pas censés faire de bruit s’est fortement fait entendre dans les salles obscures. C’était en 2018, John Krasinski avait créé la surprise avec son survival horrifique high-concept, Sans un bruit. Trois ans plus tard, son second volet sort sur nos écrans avec le challenge de renouveler l’esprit de la franchise qu’il a créé. Une suite à la hauteur du premier film, où exploration et Cillian Murphy rejoignent l’univers imaginée par Scott Beck et Bryan Woods.
Quand l’annonce de la production des suites de Sans un bruit s’est faite, l’attitude n’a été que des plus circonspectes. Pour une fois qu’une production originale s’installe sur le box-office US, est-ce réellement nécessaire de le reproduire et d’affaiblir sa nouveauté ? La perplexité était là, l’attente aussi en raison des multiples reports du film mais seulement voilà : John Krasinski n’a pas l’intention de voir ce qu’il a bâti en tant que réalisateur partir en fumée.
Pour cela, Krasinski a donc enfilé une double casquette : celle de réalisateur mais dorénavant, celle du scénariste. Sans doute avec la problématique suivante : comment ne pas se répéter et lasser le public ? À cela, il semble opter pour une situation qui amène plus de liberté : l’exploration. Le réalisateur-scénariste décide donc de prolonger le monde qu’il a imaginé pour élargir ce qu’il racontait dans le précédent film. Le premier Sans un Bruit était focalisé uniquement sur la famille Abbott. Son isolement face au reste d’un monde perdu permettait de mélanger grands frissons et sentiments pour un récit sur les liens familiaux. La première séquence de ce second volet, racontant la première journée de cette apocalypse avec une terreur qui rappelle l’arrivée des TriPods dans La Guerre des Mondes de Spielberg, implore d’emblée son interrogation : qu’est-il arrivé aux humains, en dehors de la famille Abbott ?
Sans un bruit 2 explore donc les territoires d’une Amérique rurale détruite par des monstres et les conséquences sur ses habitants. La famille Abbott, toujours composé des excellent.e.s Emily Blunt, Millicent Simmons et Noah Jupe, se frayera donc un chemin entre retrouvailles amicales, comme le personnage d’Emmett incarné par Cillian Murphy qui fait voir les personnages avec plus d’ambiguïté, et une humanité qui a abandonné toute morale. Cela dans des virages conventionnels, certes, mais qui laisse à penser que Krasinski a conscience des éléments nécessaires pour réussir une suite. Et si pour terrifier, le film ne se fatigue pas et utilise les mêmes artifices que son précédent volet, il se montre particulièrement généreux envers le public pour lui proposer un nouvel horizon sur ce qu’il connaît.
Généreux et conscient, Sans un bruit 2 est une suite réussie qui remplie humblement la fonction de grand huit calibré pour les vacances d’été. En attendant un troisième volet réalisé par Jeff Nichols, ce second opus fait de Sans un bruit une valeur sûre du cinéma d’horreur franchisé.
Sans un bruit 2, réalisé par John Krasinski. Avec Emily Blunt, Millicent Simmons et Cillian Murphy. Durée : 1h37