Après s’être réapproprié le thriller labyrinthique de Denis Villeneuve pour signer Sicario 2 – La Guerre des cartels, le cinéaste italien Stefano Sollima collabore à nouveau avec le scénariste Taylor Sheridan pour plonger cette fois-ci dans l’univers de Tom Clancy. Sans aucun remords, adapté du roman du même nom sorti en 1994, reprend le personnage de John Clark sous une nouvelle figure. Baptisé cette fois-ci John Kelly, il est interprété par un Michael B. Jordan investi dans la quête de vengeance de son personnage. Pas sûr qu’il en soit de même pour le spectateur…
Dès son introduction, Sans Aucun Remords épuise toutes ses munitions. Sollima, comme à son habitude, fait une démonstration brutale de tout son savoir-faire destiné à exposer des situations ultra-violentes. Comme pour Sicario 2, toujours pour illustrer de manière radicale des situations géopolitiques troublantes. Ce qui va mettre le feu au poudre dans cette histoire est une mission de sauvetage d’un otage par des soldats américains, face à un ennemi qu’ils ne sont pu sûrs de distinguer face à des informations cachées par leur supérieur. Sec et violent sont les premiers mots qui viennent à l’esprit pour caractériser cette scène, ils viennent également pour résumer l’ensemble du film.
Si la motivation du personnage de John Kelly, interprété par un Michael B. Jordan invincible qui prouve qu’il est l’une des nouvelles figures sur qui compter dans le cinéma d’action, s’avère résolument cliché (en quelques mots : il souhaite venger la mort de sa femme, assassinée par un commando alors qu’elle était enceinte) ; il est triste de voir le script de Taylor Sheridan ne pas vouloir assumer son idée de base pour préférer se vautrer dans une intrigue géopolitique maintes-fois revus si on a déjà vu une adaptation de Tom Clancy ou tout simplement les deux films de la franchise Sicario.
Le cliché, devenu propice au cinéma d’action sombre de ces dernières années, a vouloir parler d’une situation géo-politique avec des protagonistes flirtant en eaux troubles sur la moralité finit par annihiler toute pertinence politique. Sans aucun remords en est une preuve concrète. Sa succession de scènes brutales, toujours avec la volonté d’être plus impressionnante que la précédente, finit par vider le film de toute substance. Le film ne suscite plus de tensions, ni d’interrogations, juste de l’indifférence malgré la foi de ses acteur.ice.s à y croire ; comme le duo mené par Michael B. Jordan et Jodie Turner-Smith.
Malheureusement, pour un pitch aux enjeux plutôt ambitieux (refaire du Tom Clancy dans les années 2020 en le mêlant à une quête de vengeance digne d’un Death Wish), Sans Aucun Remords paraît tristement banal dans le paysage du cinéma d’action actuel pour se démarquer. Prévisible et sans fin, il ne semble pas vouloir le remord de ne pas captiver le public non plus, hélas.
Sans aucun remords. Un film de Stefano Sollima avec Michael B. Jordan, Jodie Turner-Smith, Jamie Bell et Guy Pearce. Durée : 1h59