Cinq ans après avoir proposé une expérience mêlant à la fois une narration vidéoludique et les sensations fortes du cinéma d’action avec Hardcore Henry, le ciénaste russe Ilya Naishuller revient avec Nobody, une réappropriation brutale de John Wick où Bob Odenkirk se donne à fond pour rendre les coups. Brut, sans prétention et divertissant.
L’Homme, Le Mythe, La Légende. C’est ainsi qu’est nommé l’une des nouvelles figures bad-ass de la pop-culture, John Wick. Il faut dire que le personnage incarné par Keanu Reeves a obtenu au fil de trois films une réputation d’homme indestructible, imbattable malgré les coups qu’il peut prendre. Pourtant, que se passerait-il si le célèbre tueur était un “Monsieur Tout le Monde” père de famille qui laisse échapper des cambrioleurs ? Il serait sûrement un Nobody selon Naishuller. Quelqu’un de profondément vénère mais négligé par sa famille et ses proches. Qui de mieux pour l’interpréter que Bob Odenkirk ? Cet acteur mi-burlesque, mi-tragique que l’on a vu triompher auprès de Vince Gilligan mais aussi auprès de Larry David et Greta Gerwig.
Il joue à merveille ce tueur rouillé, pas remis de sa transformation en Monsieur Tout Le Monde pour se battre comme la mafia russe par un curieux concours de circonstance. Chaque coup donné peut faire mal tout comme il peut faire rire, Naishuller en a pleinement conscience et réadapte un schéma devenu conventionnel depuis quelques années dans le cinéma d’action pour en faire une récréation géante où tous les coups sont permis pour surprendre. Un acteur issu du cinéma austère de Andreï Zvyiaguintsev joue un bad-guy qui adore le karaoké, Doc de Retour vers le futur s’éclate au fusil à pompe aux côté du rappeur RZA, les courses poursuites peuvent aussi bien durer quelques secondes qu’une éternité. Il ne faut pas chercher plus loin qu’un film d’action bourrin et inventif avec Nobody. Si le film ne parvient pas à surprendre dans son écriture balisée, il gâte le spectateur par une multitude de scènes surprenantes. Cela a ses limites, notamment dans les répétitions de scènes de violences mêlées à de la musique crooner, mais on sait s’amuser tout le long de la projection.
Nobody confirme qu’il faut s’intéresser à Naishuller pour ses capacités à rendre le cinéma d’action ludique par son inventivité et son mélange avec d’autres formats de fictions (jeux vidéos, bande-dessiné, séries…). Nobody a juste la prétention d’amuser son public, la mission est réussie.
Nobody. Réalisé par Ilya Naishuller. Avec Bob Odenkirk, Alexeï Serebriakov, Connie Nielsen, Christopher Llyold, RZA. Durée : 1h32.