Mourir Peut Attendre porte bien son titre. Après des mois d’éternels reports, l’agent 007 version Daniel Craig revient enfin au cinéma pour conclure une continuité démarrée en 2006 par Casino Royale. Cary Joji Fukunaga succède à Sam Mendes, au sein d’une production chaotique qui coûta au romantisme crépusculaire de ce nouvel opus.
S’il y a bien une chose à retenir du James Bond version Craig, c’est bien l’humanité qui se dégageait de son personnage. Bien loin de la figure héroïque des romans d’espionnages incarnée par ses prédécesseurs, cette période Bondienne commencée il y a 15 ans frappée par sa noirceur et l’ampleur dramatique de ses événements. Elle marquait aussi par son récit en continuité, les épisodes se succédant comme un récit impliquant organisation secrètes, départs de personnages (Judi Dench) et fouille psychologique d’un personnage iconique de la culture populaire. Maintenant, il est temps de tourner la page et d’apporter une conclusion. Mourir Peut Attendre succède alors à Spectre et va alors continuer de développer la relation entre le célèbre agent, alors à la retraite, et Madeleine Swann (Léa Seydoux) ; ainsi que la quête de démantèlement d’une célèbre organisation criminelle avec par Christoph Waltz.
Ce cinquième et dernier opus de cet ère sort alors après une production pour le moins mouvementée. Danny Boyle, initialement aux commandes, s’est fait éjecter au profit de Cary Joji Fukunaga pour divergences artistiques. Phoebe Waller-Bridge, autrice de Fleabag et connaisseuse du monde de l’espionnage fictive pour Killing Eve, débarqua en tant que spin-doctor. Ces alternatives démultipliées dans la production se ressentent à l’écran. Si cette conclusion s’avère particulièrement plaisante dans l’humanité déchirante donnée à un agent que l’on connaissait stoïque, il y a pourtant cette impression de voir plusieurs longs-métrages compactés en 2h47.
Il y a un film d’action purement Bondien, dans sa première heure avec les formidables Jeffrey Wright et Ana de Armas. Un film de conclusion réfléchissant à ce qu’aura laissé James Bond dans le monde, notamment avec un contre-point intéressant par l’agent 007 joué alors par Lashana Lynch. Puis, un ersatz de ce qui se fait de pire dans le cinéma d’action aujourd’hui qui reprend le brutalisme mégalomaniaque d’un Jared Leto dans Blade Runner 2049, campé cette fois-ci par un épouvantable Rami Malek en super-vilain au plan compliqué. Le mélange de ces trois films donne un sentiment étrange à l’oeuvre où si les évènements nous touchent, ils paraissent cruellement bâclés au montage et paraissent alors sans importance. La conclusion paraît alors satisfaisante mais avec le cruel sentiment qu’une meilleure exploitation de ces idées aurait pu livrer un final spectaculaire.
Mourir peut attendre. Un film de Cary Joji Fukunage. Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek. Durée : 2h47