Après avoir sévi à Racoon City, Paul Thomas Anderson fait du Nouveau Monde (rien à voir avec le film de Terrence Malick) de Monster Hunter son nouveau terrain de jeu favori pour le saccager innocemment. Monster Hunter est un film-malade aussi généreux en combats que avare en intrigue et effets spéciaux.
La séquence d’ouverture laissait présager le naufrage. Dans une pluie diluvienne d’effets spéciaux dignes d’un jeu PS1 (alors que le premier Monster Hunter est sorti en PS2), où l’on voit un pauvre Ron Perlman grimé en Will Ferrel, on suit l’acteur de Hellboy et Tony Jaa en train de survivre à l’attaque d’un monstre. On a quand même le bénéfice du doute, on sent tout de même que l’on est bien devant un film Monster Hunter. Puis, la séquence suivante décide d’aller à fond sur l’autoroute du contresens.
Le fameux Nouveau Monde ne sera vu que de manière approximative, à l’aide de trois décors pour la probable raison d’un budget réduit. À la place, Paul W.S Anderson fait du célèbre jeu-vidéo son propre Transformers. Mais sans être Michael Bay. Pour un résultat qui abîme la rétine où le cinéaste camoufle la pauvreté de son script par une débauche de coupes dans un montage épilleptique.
On suit majoritairement une équipe de militaires, menée par Milla Jovovich, qui se retrouve alors plongée dans ce monde après une mission dans le désert. Pour… rien finalement. Si ce n’est que faire un très long teaser pour une éventuelle suite, comme en témoigne son introduction. Les comédien.ne.s font du surplace, on croise un félin mercenaire en image de synthèse et on finit par se demander si Paul W.S Anderson sait ce qu’il fait.
Car ce qui est surtout énervant avec un film de Paul W.S Anderson, ce n’est pas tant son “n’importe quoi”. On sent que le cinéaste a un matériau en or, ainsi qu’une envie de l’explorer fièrement. Mais l’envie est vite laissée tomber dûe aux restrictions budgétaires et on sent tout de suite une attitude démoralisante à le voir se contenter que de très peu. C’était la même chose que l’on pouvait lui reprocher pour les Resident Evil et il en est vraiment dommage. Monster Hunter méritait mieux. Paul W.S Anderson aussi. Car on sent l’âme d’enfant qu’il a avec toutes les créatures qu’il exhibe et son surplus de gadgets militaires qu’il possède comme un enfant qui jouerait aux petits soldats. En revanche, on ne peut que tout rager à force de tout lui voir être confisqué.
Monster Hunter est un naufrage qui fait autant de peine qu’il est triste de voir un tel potentiel gâché. Peut-être qu’un jour, Paul W.S Anderson aura réellement de quoi s’amuser pour s’approprier un univers vidéo-ludique avec virtuosité.
Monster Hunter. Un film de Paul W.S Anderson, avec Milla Jovovich, Tony Jaa et Ron Perlman. Durée : 1h43