En ce 31 octobre assez spécial, où la tradition du Trick or Treat est désormais remplacé par le confinement, la rédaction de Bande de Films vous propose quelques films pour passer une Toussaint des plus éclectiques ! Vampires en Corée du Sud, des zombies massacrés en pleine comédie musicale, Adam Sandler ou encore un OFNI des années 70. Il y en aura pour tous les goûts !
Les choix de Victor
Thirst, ceci est mon sang
Réalisé par Park Chan-wook
Sorti le 30 septembre 2009
Avec Song Kang-Ho, Ok-Bin Kim et In-hwan Park.
Corée du Sud, 2h13
On ouvre le bal des recommandations d’Halloween avec une figure fantastique cuisinée à toutes les sauces au cinéma : le vampire. Vous penserez peut-être ce choix convenu au départ, je vous l’accorde. Mais si je vous dis que ce film complètement barré mélange romantisme, littérature française et effusions d’hémoglobine à faire tourner de l’oeil ? Ça semble tout de suite plus intriguant, n’est-ce pas ? Ça tombe bien, c’est le pari complètement dingue que s’est lancé Park Chan-wook, réalisateur du somptueux Mademoiselle ainsi que de JSA et Old Boy (qui est aussi un bon choix de film horrifique d’une certaine manière). Avec Thirst, Ceci est mon sang, il signe une oeuvre complètement baroque comptant un nombre ahurissant de plans complètement marteaux pour raconter la transformation physique et morale d’un prêtre (joué par Song Kang-ho, acteur fétiche de Bong Joon-ho), alors contaminé par un virus le transformant en créature de la nuit. Si vous avez des souvenirs de vos cours de français au lycée, vous faites déjà très certainement les rapprochements avec Thérèse Raquin d’Émile Zola. Ajoutez-y juste la patte de Park Chan-wook et voilà alors une version sublimement barrée, partagée entre grand romantisme et baroque sanguinolent.
Hubie Halloween
Réalisé par Steven Brill
Sorti le 07 octobre 2020 sur Netflix
Avec Adam Sandler, Julie Bowen, Ray Liotta
États-Unis, 1h42
Changement d’ambiance ici avec celui qui fait frémir la critique américaine et le bon goût : Adam Sandler. Malgré une nouvelle renommée certaine pour sa récente collaboration avec les frères Safdie dans Uncut Gems, on ne peut pas dire que ses comédies estampillés Happy Madison (sa boîte de production) attirent les louanges de la presse. Ceci dit, pour moi, Halloween est un moment où l’on peut librement décompresser et se lâcher. Alors pourquoi ne pas le faire avec une comédie potache qui se déroule, comme par hasard, le 31 octobre ? Hubie (incarné par Sandler donc) est en quelque sorte le bouc-émissaire de la ville de Salem. Naïf, enfermé dans sa bulle de bienveillance, et, surtout, fan absolu de la fête d’Halloween, il est la risée de ses voisins. Jusqu’au moment où, à l’approche d’Halloween, de mystérieuses disparitions inquiètent la ville. Ça ne vole pas très haut, c’est sûr, mais la sincérité de la team Sandler (auquel s’ajoute ses comparses Kevin James, Steve Buscemi, Rob Schneider, Maya Rudolph ou bien Tim Meadows) a réussi à fédérer le public par un humour des plus gras et une intrigue fantastique qui tient la route. Sans prétention, Hubie Halloween est un sympathique divertissement pour toutes et tous. A voir non pas pour les grands frissons mais pour les fous rires !
Les choix de Jade
Little Monsters
Réalisé par Abe Forsythe
Sorti en 2019, disponible sur Amazon Prime
Avec Lupita Nyong’o, Alexander England, Diesel La Torraca, Josh Gad…
Australie, Royaume-Uni États-Unis, 1h33
C’est vêtue de sa plus belle robe jaune et armée de son plus mélodieux ukulélé que Miss Caroline (Lupita Nyong’o), une institutrice, défend corps et âme ses jeunes élèves contre une inattendue attaque de zombies lors d’un voyage scolaire. Passé totalement inaperçu en France, puisque sorti en octobre 2019 sur la plateforme américaine Hulu, Little Monsters mélange parfaitement le genre du film de zombies (et tous les codes qui vont avec) avec la comédie en faisant une perle feel-good à apprécier sans modération. En plus d’être servie par la géniale Lupita Nyong’o qui s’amuse comme jamais, l’intrigue pourtant toute simple culmine en un conte touchant ponctué de moments d’hilarité, et de quelques petites frayeurs pour les plus sensibles. Et sans trop en dévoiler, je peux vous assurer qu’après cette heure et demie vous aurez envie de vous acheter une pelle et d’apprendre des tubes pop au ukulélé.
Anna and the Apocalypse
Réalisé par John McPhail
Sorti en 2017, disponible actuellement sur OCS
Avec Ella Hunt, Malcolm Cumming, Sarah Swire, Marli Siu…
Royaume-Uni, 1h33
Quel est le point commun entre les personnes qui adorent Halloween, qui se plaignent que Noël arrive trop tôt chaque année, celles qui attendent les fêtes de fin d’années pendant 365 jours et les autres qui sont fans de comédies musicales ? Anna and the Apocalypse de John McPhail bien sûr. Sorti en 2017, le film nous plonge dans la petite ville de Little Haven en Angleterre avec la lycéenne Anna et ses ami-e-s qui se retrouvent au beau milieu d’une apocalypse zombie les forçant à se défendre avec les moyens du bord. Et les moyens du bord, quels sont-ils ? Toutes les diverses décorations de Noël placées partout dans la ville ! Ah oui et aussi, c’est une comédie musicale ! C’est fun, novateur, sans prises de tête mais ce n’est pas complètement stupide pour autant. Le fait que ce soit un film musical n’est pas anodin. Oui, ça apporte une dose de divertissement en plus, mais les diverses chansons interprétées par les actrices et acteurs Ella Hunt, Sarah Swire et Malcolm Cumming, entre autres, ajoutent aussi un deuxième niveau de lecture. Elles nous plongent dans les pensées et les coeurs de personnages tout en commentant, voire critiquant, les stéréotypes et codes de différents genres de cinéma à Hollywood que le film lui-même touche du doigt. Mais même sans ça, le film réussit à faire sens de l’improbable croisement entre la terrifiante atmosphère d’une apocalypse zombie et la chaleureuse ambiance des fêtes de fin d’années, et à rendre le tout poétique, amusant et poignant.
Le choix d’Emilien
House
Réalisé par Nobuhiko Obayashi
Sorti en 1977
Avec Kimiko Ikegami, Saho Sasazawa, Ai Matsubara …
Japon, 1h28
Film désormais assez connu, que l’on recommande volontiers dans les milieux cinéphiles branchés ou alternatifs, House (ou Hausu, selon la prononciation nipponne) reste toutefois une curiosité, par son envie libre et sincère de jouer avec les possibilités offertes par l’image et le montage. Prenant comme prétexte scénaristique l’arrivée d’un groupe de jeunes filles dans une maison de campagne vétuste, Nobuhiko Ōbayashi s’adonne à une mise en scène joyeuse du paranormal en s’appuyant sur l’imaginaire classique du manoir hanté, mêlé à quelques éléments du folklore japonais comme les têtes de fantômes volantes. Un cadre horrifique donc, mais le film reste avant tout dédié à la comédie, en témoigne le recours délibéré aux stéréotypes concernant le groupe de protagonistes. Chacune se retrouve nommée d’après son unique trait de caractère (Melody pour la passionnée de musique, Kungfu pour la plus sportive), traduisant l’autodérision du réalisateur.
Mais si House parvient aussi facilement à captiver, c’est grâce à son esthétique particulière, qui mélange pêle-mêle les techniques de déformation, de découpage et d’incrustration de l’image. Le film remet sur le devant de la scène des effets non-réalistes que le cinéma de divertissement contemporain tend à refouler. Tout se déroule comme si l’oeuvre cherchait continuellement à faire l’éloge d’un cinéma fabriqué à la main, à revendiquer le « trucage » plutôt que l’effet de réel, dans un esprit très proche de ce que pouvait faire Mélies à son époque. Cela s’exprime également à travers le montage très visible, qui frappe l’oeil du spectateur, ou encore le recours à des techniques que l’on associe aujourd’hui au cinéma d’animation (mouvements saccadés, objets qui prennent vie…). En résulte un genre de film-cirque, très éclatant et parfois psychédélique, dans lequel les personnages se transforment de figure de chair à figure de papier et sont éliminés un à un dans une ronde aussi étrangement drôle que cruelle (le piano cannibale restera dans toutes les mémoires).
L’esthétique en marge de House et son humour de circonstance, qui évoque quelque peu un Beetlejuice détourné par l’esprit absurde japonais, en fait à mon sens un candidat idéal pour une soirée d’Halloween entre amis. Le long-métrage d’Ōbayashi offre une bonne alternative aux plus réticents à l’horreur pure et les moins cinéphiles du groupe seront sans aucun doute interpellés par son déluge d’images fulgurantes et d’enchaînenements impossibles.
Nous espérons que ces recommandations vous ont convaincu ! Toute l’équipe de Bande de Films vous souhaite un très joyeux Halloween ! Gavez de cinéma de genre, d’histoires qui font peur et de confiseries en tout genre !