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La Femme à la Fenêtre : Rear Windows 8

Après avoir revisité Austen, Tolstoï, Peter Pan et Winston Churchill, le réalisateur britannique Joe Wright continue de moderniser des légendes en s’attaquant cette fois-ci à un cinéaste maintes fois revisité : Alfred Hitchcock. À partir d’un roman de A.J. Finn, Wright cloue Amy Adams dans son appartement au même titre que James Stewart dans Fenêtre sur cour. Hélas, ce n’est pas le spectateur qui sera cloué à son fauteuil dans cet exercice postmoderne inachevé.

Un individu, enfermé dans son luxueux appartement new-yorkais, se met à penser que son voisin risque de commettre l’irréparable. Cette histoire, on la connaît, c’est celle du classique d’Alfred Hitchcock : Fenêtre sur cour. Film fondateur, qui posa les bases réflexives sur notre condition de spectateur (au même titre que Michael Powell avec Le Voyeur) tout en proposant un thriller palpitant. Une histoire revue et pastichée, même chez la famille Simpson, qui atterrit aujourd’hui dans les mains de Joe Wright. Fin, pas tout à fait…

Si le matériau d’origine provient d’un best-seller paru en 2018, Wright s’en éloigne pour préférer s’amuser à transposer Hitchcock au 21ème siècle. Après tout, la question peut être intéressante : comment Jeffries, le personnage incarné par James Stewart dans Fenêtre sur Cour, pourrait s’en sortir à l’ère du numérique ? Comme à son habitude, Wright sidère en partant d’un postulat pop, qui nous saute aux yeux. Comme lorsqu’il filmait Hannah, l’adolescente programmée pour tuer incarnée par Saiorse Ronan en 2011, et transformait son chemin d’émancipation tel un environnement de conte de fée implanté en Europe ; le cinéaste abreuve son histoire de références et d’effets visuels qui nous éclatent en pleine face. L’exercice est plaisant au début mais hélas, une fois passé des cinéastes brillants comme De Palma, difficile de convaincre quand cet exercice ne devient qu’une surface. Les rebondissements s’enchaînent au coeur de l’intrigue, sans aucune confiance laissée au spectateur pour qu’il comprenne. Ce qui donne au final quelque chose de très inconséquent face à ce que tout le film établit sur le parcours psychologique de Anna, incarné par Amy Adams. Un parcours traumatique, conduisant à l’agoraphobie du personnage, où les allusions à Hitchcockien pourraient induire en erreur brillamment sur ce que nous déduisons avec l’héroïne. Malheureusement, la psychose finit par s’estomper.

En revanche, est-ce vraiment de la faute de Wright ? Les récents scandales liés au producteur Scott Rudin ont révélés que Wright s’est en parti retrouvé dépossédé de son travail suite à des projections-tests calamiteux. Le réalisateur Tony Gilroy, connu pour être un cinéaste qui va droit au but dans ce qu’il souhaite raconter, a retourné des scènes du film. On devine facilement que son intervention surgit au moment de la dernière partie ; où l’anxiété se perd dans une avalanche de rebondissements calamiteux saupoudrée d’un banal affrontement digne d’un très mauvais slasher des années 90. Ce qui confirme la destruction de tout ce que le film de Wright tentait d’entreprendre. Le formalisme du réalisateur permettait de nous perdre, malgré certains effets ktischs, dans la réalité du personnage et ce qu’elle perçoit. Pourquoi donc nous donner l’impression que toute la réflexion a préférer se jeter de la fenêtre auquel reste cloîtré Amy Adams ? C’est une autre enquête qui nous semble plus emballante que ce résultat inachevé.

Le silence de Netflix, alors devenu distributeur du film (initialement prévu pour le cinéma par la Fox), sur le film en dit long sur la possible réputation de film-malade que risque d’avoir La Femme à la fenêtre. Malgré une note d’intention alléchante, divertissante, il est si dommage de voir une telle proposition retomber dans les conventions les plus normées possible.

La Femme à la fenêtre. Réalisé par Joe Wright. Avec Amy Adams, Gary Oldman, Brian Tyree Henry, Julianne Moore et Wyatt Russel. Durée : 1h41.

Author

Victor Van De Kadsye

Victor Van De Kadsye

Créateur du site. Je ne vis que pour des artistes comme Michael Mann, Clint Eastwood, Hou Hsiao-hsien ou bien Kelly Reichardt. Capable de réciter n'importe quel réplique de l'âge d'or des "Simpson".

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