Avec une intrigue émouvante qui convoque l’environnement animé de Miyazaki et le ludisme de Rivette, Céline Sciamma se met à hauteur d’enfants pour son nouveau film : Petite Maman.
Après l’impact considérable qu’a eu Portrait de la jeune fille en feu dans le monde entier, Céline Sciamma revient avec un projet minimaliste à la fausse légèreté désarmante. Tourné avec une équipe largement réduite, Petite Maman poursuit la filmographie de la réalisatrice en focalisant sa caméra vers ce que peuvent traverser des enfants. Car derrière son apparente simplicité, Petite Maman est un récit bouleversant sur l’approche des drames par les enfants.
Sciamma évoque les sujets du deuil et des relations familiales difficiles avec une tendresse modeste (par une simple parole, un geste d’un personnage, un objet) qui émeut. D’un travail sur le point de vue intelligent, Sciamma s’inscrit définitivement comme l’une des cinéastes les plus importantes de notre génération pour évoquer l’enfance au cinéma. L’épuration radicale de la mise-en-scène d’une histoire fantastique est une marque de confiance à l’intelligence des enfants pour croire à ce qui est raconté, comme des enfants qui joueraient n’importe quel rôle pour s’amuser.
Car pour mieux comprendre les enjeux liés à la parentalité, l’autonomie et le deuil ; Petite Maman est un film extrêmement libre où l’âme d’enfant permet d’intégrer aisément ces sujets sensibles. Les deux comédiennes, Joséphine et Gabrielle Sanz, se prêtent superbement au jeu. Sorte de Céline et Julie vont en bateau destiné à un jeune public, le film est une balade forestière près de Cergy où un simple élément laisse place à une imagination débordante ; comme pour construire une cabane ou jouer une pièce de théâtre.
Petite Maman est une exploration sensible et ludique de l’enfance et ses drames. Après Naissance des pieuvres, Tomboy et Ma Vie de Courgette, Sciamma signe un film court mais grand dans ce qu’il raconte de l’enfance aujourd’hui.
Petite Maman. Réalisé par Céline Sciamma. Avec Gabrielle et Joséphine Sanz, Nina Meurisse, Stéphane Varupenne. Durée : 1h12.