Assemblant délicatement un classicisme d’époque à une réalisation contemporaine, Simon Stone souhaite renouer avec un cinéma britannique littéraire et complexe. Mais n’est pas Merchant/Ivory qui veut, hélas. À force de creuser les nombreuses thématiques abordées dans le roman de John Preston, The Dig s’enfonce dans un récit qui laisse tristement de marbre.
À l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, dans un village anglais, une veuve nommée Edith Pretty (Carey Mulligan) demande à un archéologue (Ralph Fiennes) d’exhumer une sépulture près de sa demeure. Les découvertes effectuées lors de cette opération vont attirer les regards du village, ainsi que ceux d’institutions prestigieuses telles que le British Museum.
Derrière cette simple opération archéologique, auquelle Stone prend soin d’en montrer toutes les complexités qu’elle provoque, The Dig révèle un récit prometteur sur notre brève passage sur Terre et les traces que nous laisseront. En effet, quoi de mieux que le métier d’archéologue pour proposer un contexte dramaturgique qui pourrait élargir des réflexions sur l’acception de notre fatalité. Les personnages de The Dig, d’une manière directe ou discrète, y seront confrontés.
Que ce soit par la guerre, les anglais étant appelés à combattre pour une bataille qui approche, ou la maladie. Les nombreuses scènes de fouilles permettent aux protagonistes d’explorer ces questionnements dans le cadre d’une opération commune qui les réunit. Cela amène les plus beaux moments du film, qui permettent de découvrir un métier souvent méconnu du grand public et offrent à la vie de ses personnages un moyen de rayonner. Mais il y a un problème : à force de côtoyer la pierre, le cœur du film finit cruellement par durcir.
Pourtant linéaire dans sa narration, en refusant par exemple de s’éparpiller dans les flash-back, le film apparaît confus à force de basculer entre les parcours de différents personnages. Ceux-ci finissent par apparaître complètement désincarnés alors que leurs problématiques auraient pu contribuer à renforcer la subtilité dramatique du propos. À force de basculer, le film finit par apparaître effroyablement fouilli, jeu de mot mauvais voulu.
The Dig aurait mérité de creuser davantage ses personnages principaux plutôt que d’éparpiller ses recherches scénaristiques vers d’autres horizons. À force d’en faire trop, y compris dans une mise-en-scène Mallickienne non maîtrisée, le film apparaît alors comme une antiquité perdue dans les méandres du contenu Netflix.
The Dig, réalisé par Simon Stone, avec Ralph Fiennes, Carey Mulligan et Lily Collins. Durée : 1h52. Disponible sur Netflix